vendredi 30 octobre 2009

3) Citations du Cid

«L'amour n'est qu'un plaisir, l'honneur est un devoir. »

«Et le combat cessa faute de combattants.»

«Le trop de confiance attire le danger.»

«On est toujours trop prêt quand on a du courage.»

«Aux âmes bien nées, La valeur n’attend point le nombre des années.»

«Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes : Ils peuvent se tromper comme les autres hommes.»

«Tu t'es, en m'offensant, montré digne de moi ; Je me dois, par ta mort, montrer digne de toi.»

«Si l'amour vit d'espoir, il périt avec lui C'est un feu qui s'éteint, faute de nourriture.»

«O rage ! O désespoir ! O vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant tant vécu que pour cette infamie ?»

«Les exemples vivants ont bien plus de pouvoir ; un prince dans un livre apprend mal son devoir.»

«Que peut-on m'ordonner que mon bras n'accomplisse ?»

«A qui venge son père, il n'est rien d'impossible.»

«Que de maux et de pleurs nous coûteront nos pères !»

«Je dois tout à mon père avant qu'à ma maîtresse : Que je meure au combat, ou meure de tristesse, Je rendrai mon sang pur comme je l'ai reçu.»

«O combien d'actions, combien d'exploits célèbres Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres.»

«Jamais nous ne goûtons de parfaite allégresse : Nos plus heureux succès sont mêlés de tristesse.»

«A vaincre sans péril on triomphe sans gloire.»

«Les affronts à l'honneur ne se réparent point.»

«L'amour est un tyran qui n'épargne personne.»

2- Être « honnête homme » au XVIIe siècle

I- Un homme agréable et ouvert
II- Une grande capacité d'adaptation
III- Naturel et simplicité
IV- Le rejet du pédantisme

I. Un homme agréable et ouvert:

« L'honnête homme »: combien de fois trouve-t-on cette expression sous la plume des écrivains du XVIIe sièle, en particulier dans les ouvrages de Nicolas Faret et du chevalier de Méré qui y consacrent l'essentiel de leurs analyses! Il ne faut pas s'y tromper. Sa signification est bien éloignée de celle qu'on lui donne couramment de nos jours. Cette formule sert alors à désigner un idéal, celui de l'homme du monde, de l'homme de cour. Elle renvoie à un comportement social.
L'« honnête homme », c'est d'abord celui qui sait briller en société. Il veut plaire, séduire. Il est passé maître dans l'art d'être agréable. Ses manières sont raffinées, ses vêtements élégants, mais d'une élégance qui évite de tomber dans l'excès. Il possède le talent de la conversation: il ne se met jamais en avant, mais, au contraire, permet aux autres de s'exprimer, souligne, au passage, la justesse d'une idée, le bonheur d'une expression. Il montre son ouverture d'esprit, sa capacité à s'effacer, à dominer son amour-propre, son égoïsme. Il lui faut, en occasions, offrir un visage détendu, souriant, ne pas infliger le spectacle de sa mauvaise humeur ou de son irritation. Il a le sens de l'humour, de la plaisanterie, mais d'une plaisanterie fine qui fait sourire plutôt que rire.

II- Une grande capacité d'adaptation:

Cette manière de se comporter en société ne s'improvise: elle suppose à la fois un sens aigu de l'observation et une grande capacité d'adaptafion. L'« honnête homme » excelle à juger une assemblée, à apprécier avec exactitude sa composition et ses dispositions. C'est là une condition indispensable pour pouvoir faire bonne figure dans tous les milieux et en toutes circonstances.
L'« honnête homme » connaît à merveille son monde et sait adapter son comportement à la personnalité de celui à qui il s'adresse. Il n'aura pas la même attitude avec un cardinal, un maréchal on une jeune coquette. Il n'abordera pas non plus les mêmes sujets de conversation, mais cherchera ce qui peut intéresser son interlocuteur: au cardinal, il parlera théologie, il questionnera le maréchal sur sa dernière campagne, il tiendra à la jeune coquette des propos galants. Cette souplesse d'esprit est la marque de deux qualités essentielles: le respect des autres et la tolérance.

III- Naturel et simplicité:

L'« honnête homme », dans cette adaptation continuelle, doit avoir la nature pour guide: c'est en en tenant sans cesse compte qu'il pourra s'adapter aux autres, qu'il adoptera le comportement adéquat. Mais il lui faut éviter que cette indispensable adaptation ne détruise sa propre nature. Il doit, a tout prix, rester naturel, empêcher que sa personnalité ne soit pervertie par des artifices: être agréable, naturellement, sans chercher à l'être, telle est sa règle de conduite.
Tout son comportement répond à cet impératif fondamental. Il proscrit l'affectation, ne cherche pas à paraître ce qu'il n'est pas, s'efforce d'être simple, refuse l'exagération, défend les positions du juste milieu: dans le théâtre de Molière, les personnages excessifs prêtent à rire et connaissent l'échec, tandis que les partisans de la mesure suscitent la sympathie et réussissent dans leurs projets.

IV- Le rejet du pédantisme:

La conception que l'« honnête homme » a du savoir est directement la conséquence du rôle qui est le sien. La diversité des milieux qu'il fréquente l'oblige à dominer un vaste champ de connaissances. Il possède des lumières sur tous les sujets. Mais il ne doit surtout pas ennuyer. Il sait qu'au cours d'une conversation il a affaire à des personnes inégalement averties des domaines abordés. Il lui faut donc éviter une spécialisation excessive, une technicité trop grande, fuir le didactisme et le pédantisme. Là encore, il doit s'adapter à son auditoire.
Les écrivains qui s'adressent au public des salons sont bien conscients de cet impératif. En adoptant des formes plaisantes pour exposer leur pensée, La Rochefoucauld, avec la maxime, le chevalier de Méré, avec la présentation détendue et familière des idées, ou Madame de Sévigné, avec la lettre, font partie de la grande famille des « honnêtes gens ».

Un mouvement litteraire : le Classicisme

1)Nicolas Boileau (1636-1711),Art poétique, I (1674)
[Dans ce célèbre traité qui reprend les éléments de doctrine élaborés par les doctes, Boileau s'emploie d'abord à condamner le "faste pédantesque" de la poésie du XVIème siècle et salue en Malherbe l'initiateur de l'ordre et de la mesure en poésie.]

Enfin Malherbe vint, et, le premier en France,
Fit sentir dans les vers une juste cadence,
D'un mot mis en sa place enseigna le pouvoir,
Et réduisit la muse aux règles du devoir.
Par ce sage écrivain la langue réparée
N'offrit plus rien de rude à l'oreille épurée.
Les stances avec grâce apprirent à tomber,
Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber.
Tout reconnut ses lois; et ce guide fidèle
Aux auteurs de ce temps sert encor de modèle.
Marchez donc sur ses pas; aimez sa pureté,
Et de son tour heureux imitez la clarté.
Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre,
Mon esprit aussitôt commence à se détendre,
Et, de vos vains discours prompt à se détacher,
Ne suit point un auteur qu'il faut toujours chercher.
Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d'un nuage épais toujours embarrassées;
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant donc que d'écrire apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Surtout qu'en vos écrits la langue révérée
Dans vos plus grands excès vous soit toujours sacrée. En vain vous me frappez d'un son mélodieux,
Si le terme est impropre, ou le tour vicieux;
Mon esprit n'admet point un pompeux barbarisme,
Ni d'un vers ampoulé l'orgueilleux solécisme.
Sans la langue, en un mot, l'auteur le plus divin
Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant écrivain.
Travaillez à loisir, quelque ordre qui vous presse,
Et ne vous piquez point d'une folle vitesse;
Un style si rapide, et qui court en rimant,
Marque moins trop d'esprit, que peu de jugement.
J'aime mieux un ruisseau qui sur la molle arène
Dans un pré plein de fleurs lentement se promène,
Qu'un torrent débordé qui, d'un cours orageux,
Roule, plein de gravier, sur un terrain fangeux.
Hâtez-vous lentement; et, sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :
Polissez-le sans cesse et le repolissez;
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.
C'est peu qu'en un ouvrage où les fautes fourmillent,
Des traits d'esprit semés de temps en temps pétillent.
Il faut que chaque chose y soit mise en son lieu;
Que le début, la fin répondent au milieu;
Que d'un art délicat les pièces assorties
N'y forment qu'un seul tout de diverses parties :
Que jamais du sujet le discours s'écartant
N'aille chercher trop loin quelque mot éclatant.
Craignez-vous pour vos vers la censure publique ?
Soyez-vous à vous-même un sévère critique.