lundi 19 mars 2012

Apollinaire et Lou

Apollinaire rencontre Louise de Coligny-Châtillon à Nice probablement à la fin du mois de septembre de l’année 1914. Il en tombe amoureux dès la première rencontre : son ascendant aristocratique et sa personnalité de femme libérée vont fasciner le poète. Elle lui apparaît très vite comme un personnage poétique « qui lui a permis de renouveler profondément son écriture amoureuse en lui inspirant les poèmes les plus brûlants » (L. Campa). S’engage alors un jeu ambigu de la séduction auquel Louise ne répondra qu’en décembre 1914, date de la première permission du poète alors artilleur à Nîmes. Ils ne se reverront que deux fois à Nice, au cours de courtes permissions au mois de janvier, puis une dernière fois à Marseille avant son engagement pour le front. Tout ce temps, Apollinaire vivra sur l’espoir sans cesse déçu d’un amour partagé. Ils s’engagent alors tous deux vers une amitié sincère qui devait permettre au poète d’entretenir une intimité au delà de l’amour. Lou, ainsi nommée par Apollinaire, n’a vraisemblablement jamais partagé l’amour du poète. C’était une femme assez fantasque et légère, qui menait « une vie de patachon » comme le lui reprochait Apollinaire dans ses lettres et qui a dû s’enorgueillir d’être aimée et louée par un poète comme Apollinaire.
Du 28 septembre 1914 (veille de leur rencontre) au 18 janvier 1916, Apollinaire va entretenir une correspondance avec Lou : 220 lettres en tout et 76 poèmes insérés dans ces lettres ou formant eux-mêmes des lettres autonomes, sorte de poèmes épistolaires. Les poèmes extraits de cette correspondance privée forment alors un florilège posthume publié en 1947, d’abord sous le titre « Ombre de mon amour », puis sous le titre qu’on lui connaît, Poèmes à Lou. Certains textes sont d’ailleurs repris et remaniés dans Calligrammes, recueil qui a largement exploité cette thématique de l’amour et la guerre.