lundi 31 mai 2010

Corrige du devoir : l'aveu de Phedre a Thesee

Comment Phèdre apparaît-elle dans cet extrait :

I- Un personnage tragique :
1- Elle est victime de la fatalité :
Elle est maudite par Vénus qui veut la punir : v.1625, « Le ciel mit en mon sein une
flamme funeste. »
Elle est victime de sa propre faiblesse et, paradoxalement du dévouement d’Oenone
qui, voulant la protéger, a précipité la fin tragique d’Hyppolite : v.1629-1630 :
« La perfide, abusant de ma faiblesse extrême,
S’est hâtée à vos yeux, de l’accuser lui-même. »

2- Elle est coupable : Phèdre se sent coupable des sentiments incestueux qui
l’habitent, même si elle n'a pas manifesté à leur égard la moindre tentative de
réalisation : en d’autres termes elle est coupable d’avoir parlé parce que sa passion
ne s’est pas concrétisée : v. 1624, « Osai jeter un regard profane, incestueux. »
Elle est associée au personnage mythologique de Médée qui égorgea ses propres
enfants pour se venger de Jason qui l’avait abandonnée :
v.1638 : « Un poison que Médée apporta dans Athènes.»

II- Une reine majestueuse :
1- Elle se pose en égale face à Thésée :
V.1622 : « Ecoutez-moi Thésée (interruption et verbe à l’impératif)
Elle est le sujet des verbes, v1623 « C’est moi qui…
V 1635 « J’ai voulu …

2- Vertueuse, elle rend justice à Hyppolite avant de se donner la mort :
Elle exprime ses remords et reconnaît sa faute :
V, 1635,1636 : « J’ai voulu, devant vous, exposant mes remords,
Par un chemin plus lent descendre chez les morts. »

3- Noble : Dans les tragédies, mourir par le poison ou par l’épée est considéré comme
une noble façon de mourir, contrairement à la noyade (Oenone).
Phèdre accomplit un acte de courage qui n’enfreint pas les règles des
bienséances parce qu’elle se suicide c’est-à dire qu’elle ne verse pas le
sang de quelqu’un d’autre sur scène.

• Conclusion : La coupable et l'innocente, l'ombre et la lumière
Phèdre est tiraillée entre son exigence de pureté et la faute qui l'habite.
Cette dualité est le plus souvent traduite par les images symboliques de l'ombre
et de la lumière.
Ombre où elle peut dissimuler sa faute ; ombre de la mort ; ombre propice des
domaines infernaux où la coupable pourrait peut-être trouver l’apaisement après le
jugement ; ombre où siège, majestueuse, l’image du père, juge réprobateur ; ombre
de la damnation des réprouvés.
Lumière de son aïeul, le soleil ; lumière de la conscience qui dissèque et juge sans
pitié ; lumière de la pureté du cœur.